CALENDULA OFFICINALIS

Lundi 26 septembre 2011 // Naturaliste

FLEUR DE SAISON : CALENDULA OFFICINALIS

Le Souci des jardins, aux allures de petits soleils agrémentant de nombreux jardins, s’en échappant même pour vivre auprès des maisons, nous vient probablement de l’Atlas, chaîne montagneuse située au nord du continent africain. Il doit sa popularité et sa grande expansion dans beaucoup de pays européens à sa splendide couleur jaune bien sûr, mais aussi, et cela se sait depuis longtemps, à ses vertus médicinales et cosmétiques.

Cette plante affiche une nette prédilection pour les endroits ensoleillés, se contente d’un sol ingrat, d’une terre tassée, nue, caillouteuse. La racine , peu profonde , fait s’interroger sur l’origine de l’énergie que le Souci déploie pour se répandre à la surface du terrain qu’il recouvre de ses abondantes feuilles vertes dispensatrices d’ombre et gardiennes de l’humidité nécessaire à la vie. Certains ne manqueront pas d’y voir la principale vocation thérapeutique de cette plante, couvrant le sol à la manière d’une sorte de peau nourricière et protectrice : le Souci des jardins excelle dans les soins dermatologiques.

Les feuilles sont épaisses, charnues, pleines d’eau, comme pressées de grandir en taille mais pas très ‘’fignolées’’, assez primitives, contrastant en cela avec la ‘’fleur’’. Le Souci, de la famille des Composées ( les Asteracées ) , nous montre, en réalité, une fleur qui n’en est pas une, mais plusieurs, beaucoup même. Ce que nous prenons pour une fleur est, en réalité, un ensemble formé d’une couronne de ligules, fleurs aux pétales soudés et munies d’un pistil, alors qu’au centre se trouve une multitude de fleurs dispensatrices, elles, de pollen. Ces fleurs centrales sont très comparables à l’organisation que l’on retrouve chez l’Artichaut, le Tournesol, plantes elles aussi rangées dans la même famille des Composées . Il est toujours étonnant de voir comment la rigueur de cette organisation parvient à imiter une simple fleur unique.

Au lever du jour, les ligules de la périphérie s’ouvrent avec la lumière du soleil ; le soir , la ‘’fleur’’ se referme, et cette aptitude du Souci à suivre le rythme solaire à la manière d’un calendrier lui a valu son nom de Calendula. Le mot ‘’Souci’’ lui-même trouve sa source dans le mot latin ‘’solsequia’’, ‘’suivre le soleil’’ et les anciens se basaient sur le comportement de la plante pour prédire la météo , l’imminence de l’arrivée de la pluie se traduisant par l’absence d’ouverture de la couronne florale.

Les préparations élaborées à partir du Calendula utilisent différentes parties de la plante selon leur devenir en phytothérapie, homéopathie, cosmétologie. On choisira ainsi la totalité de la partie aérienne, ou bien le simple capitule fleuri ( la ‘’fleur’’ ), ou bien encore les fleurs détachées. Il s’agit en effet de se procurer certaines fractions des composants actifs de la plante, choisis en fonction de l’objectif à atteindre. Ces substances actives sont nombreuses et variées. On y rencontre en particulier :
une huile essentielle sécrétée en haut de la tige, près de la ‘’fleur’’, riche en lactones terpéniques ( calenduline et calenduloside ) aux propriétés antibactériennes,
_une combinaison de carotène et de manganèse, qui, outre la coloration jaune également retrouvée dans l’Arnica, donne à la plante ses propriétés anti-inflammatoires,
_des flavonoïdes actifs sur la circulation sanguine par le biais de la perméabilité des vaisseaux capillaires
_des alcools triterpéniques dont le faradiol aux propriétés anti-oedémateuses.
D’autres substances encore, actuellement à l’étude, ont montré une efficacité antitumorale et anti VIH.

Le Souci, on le devine donc, a de grandes indications médicinales. En phytothérapie, il agira sur les plaies traumatiques qui suppurent et génèrent une douleur intense . (Arnica s’adresse, lui, plutôt aux traumatismes fermés) . Signalons également l’action sur les piqûres d’insectes et de méduses. Dans la bouche, il traite les saignements des gencives et les aphtes. En gynécologie, on peut l’essayer pour traiter les pertes vaginales . En homéopathie, ce seront les mêmes indications, surtout si la douleur s’accompagne d’une grande irritabilité, avec aggravation au mouvement et par temps humide, alors que le repos améliore. En cosmétologie, le Souci se retrouve dans plusieurs formules comme des laits de toilette, des crèmes, des huiles, des talcs ou encore des savons.

Ainsi donc, cette plante bien connue, connue de tous pour sa riche coloration, recèle bien des vertus qui ne demandent qu’à être exploitées. Il sera intéressant, à l’avenir, de s’intéresser à son cousin sauvage, le Souci des champs, Calendula Arvensis, moins connu mais probablement aussi généreux. Ceci est une autre histoire…

Léon Kerné