BETULA

Lundi 17 octobre 2011 // Naturaliste

FLEUR DE SAISON : BETULA

Pour ce numéro d’octobre de la Mignonne, nous ferons une petite incursion dans le monde des arbres, laissant un temps de côté le domaine purement ‘’floral’’. En effet, à cette saison, un arbre bien présent dans notre lieu de vie mérite toute notre attention, le bouleau.

Betula, c’est son nom scientifique d’espèce, regroupe une quarantaine de types différents, tous présents uniquement dans l’hémisphère nord de la Terre, certains d’entre eux se plaisant à habiter dans des conditions ‘’limites’’, qui près du cercle polaire, qui au sommet de hautes montagnes. C’est un hôte des régions d’alternance climatique marquée, avec une période de froid succédant à une saison très lumineuse. La chaleur du sud ne lui réussit pas, il fuit les régions méridionales. On le rencontre sur des sols riches en silicium, des roches primitives telles que le granit. La vitalité de cet arbre est en lien avec son puissant métabolisme hydrique, un arbre adulte pouvant pomper dans le sol 500 litres d’eau en une seule journée. On ne s’étonnera donc pas, à partir de ce fait, de le voir coloniser les tourbières et les bordures des marécages. Jamais regroupé en forêts denses et , de ce fait, sombres, il se rencontre , au contraire, dans des espaces aérés, souvent seul ou en petits bosquets , toujours dans la lumière.

Ce lien avec la nécessité de la lumière se retrouve d’ailleurs dans l’aspect de l’arbre lui-même : avec son tronc élancé, ses branches fines, sa couronne de feuilles laissant filtrer le soleil, il donne l’impression d’une grâce à la fois juvénile et féminine. Bien plus que tous les autres arbres, le bouleau sépare, dès la racine, deux processus qui, dans toutes les autres espèces, restent mêlés, l’assimilation des sels minéraux qui se trouvent refoulés dans l’écorce, et la synthèse des protéines qui se fera dans l’appareil foliaire ( les feuilles ). Ceci explique l’aspect de cet arbre dont l’écorce sombre recouvre un bois blanc, finit par s’en détacher en éclatant lors de la croissance du tronc , la surconcentration en éléments minéraux lui ôtant toute souplesse. Cette écorce, imputrescible ou presque, se verra utilisée depuis toujours pour ses vertus de résistance à l’eau : elle recouvrira le toit des maisons nordiques, et les Indiens d’Amérique l’utiliseront dans la fabrication de leurs canoës. Mais il n’y a pas que cela dans l’écorce : on y trouve de la bétuline, substance aromatique camphrée, assez proche des huiles essentielles. Comme il ne reste plus beaucoup de sels minéraux pour les autres parties de l’arbre, les feuilles sont pratiquement uniquement consacrées à le synthèse des protéines. Ceci justifie l’aspect de la cime du bouleau, qui apparaît comme fine, jeune, inachevée, dépourvue de force minérale, à l’image d’un adolescent en pleine croissance.

Betula est utilisé, de longue tradition, en médecine populaire, en phytothérapie, en homéopathie, et la description que nous venons de voir de l’aspect de l’arbre n’a certainement pas été sans influence sur l’élaboration des remèdes.

Les extraits de l’écorce sont utilisées , en décoction, pour traiter certaines éruptions cutanées pour lesquelles les sels minéraux de l’arbre agissent en compétition avec ceux présents dans la peau malade et dont il est souhaitable de se débarrasser.

Les préparations à base de feuilles ainsi que la sève elle-même, pauvres comme nous l’avons dit , en sels, agissent en nettoyeurs des organes profonds, les articulations notamment. Betula est un très bon remède d’arthrose grâce au Bétuloside et au Monotropitoside . La sève de l’arbre, recueillie au printemps, tout simplement eu coupant les extrémités des branches et en les introduisant dans des bouteilles fixées par du ruban adhésif, est active contre l’excès d’acide urique, générateur de la maladie de la goutte. La préparation pharmaceutique de Sève de Bouleau, diluée au 1/10 , à la dose de 50 à 10 gouttes par jour, fait chuter de 50% le taux d’acide urique en 3 mois. Les cures printanières et d’automne de Jus de Bouleau ou de Sirop de Bouleau sont bien connues pour aider à passer l’hiver et pour se ‘’décrasser’’ au printemps.

Les Bourgeons de Bouleau, véritable ‘’résumé’’ de la plante entière, puisque générateurs de la branche, la feuille, la fleur et son fruit, sont aussi utilisés en gemmothérapie : Betula Verrucosa Bourgeons chez l’enfant et Betula Pubescens Bourgeons chez l’adulte augmentent la résistance aux infections rhinopharyngées, alors que le Charme, une autre variété de bouleau (Carpinus Betula ) s’adressera plus aux mêmes affections quand elles sont passées au stade chronique.

Octobre est une bonne période pour s’essayer à ces traitements préventifs comme curatifs. Si vous en êtes satisfait, le bouleau, outre son magnifique aspect ornemental, sera devenu votre allié et votre ami.

Léon Kerné